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Les ténèbres s’amoncellent

 

 

L’orque Torga faisait face au gobelin Crock avec une satisfaction non dissimulée. Leurs tribus respectives étaient en guerre depuis des années, depuis aussi longtemps que pouvaient s’en souvenir leurs membres. Ils partageaient une vallée de l’Épine dorsale du Monde et se disputaient territoire et nourriture avec la brutalité typique de leurs races.

Et ils se trouvaient maintenant face à face, sans avoir dégainé leurs armes, contraints de se rendre en cet endroit par une force encore plus grande que la haine qu’ils se portaient. N’importe où ailleurs, dans n’importe quelle autre circonstance, les tribus n’auraient jamais pu être aussi proches l’une de l’autre sans s’engager dans une bataille féroce. Mais à présent, ils devaient se contenter de menaces stériles et de regards furieux, car il leur avait été ordonné de mettre leurs différences de côté.

Torga et Crock se tournèrent et marchèrent côte à côte vers l’édifice qui abritait celui qui deviendrait leur maître.

Ils entrèrent dans Cryshal-Tirith et se retrouvèrent devant Akar Kessell.

 

***

 

Deux tribus supplémentaires avaient rejoint les rangs de son armée grandissante. Partout sur le plateau qui abritait la tour flottaient les étendards de nombreux clans : les gobelins de la Lance Vrillante, les orques de la Lacération, ceux de la Langue Tranchée et beaucoup d’autres, tous venus pour servir le maître. Kessell avait même réussi à faire venir un important clan d’ogres, et une quarantaine de verbeegs renégats, les plus petits des géants, mais des géants tout de même.

Mais sa réussite la plus éclatante était le recrutement d’un groupe de géants du givre qui s’étaient égarés par là et dont le seul souhait était de satisfaire le porteur de Crenshinibon.

Kessell avait largement profité de sa vie à Cryshal-Tirith, où chacun de ses caprices avait été docilement satisfait par la première tribu de gobelins qu’il avait rencontrée. Les gobelins avaient même réussi un raid sur une caravane marchande et avaient fourni au sorcier quelques femmes humaines pour son loisir. La vie de Kessell avait été simple et confortable, exactement comme il l’aimait.

Mais Crenshinibon n’était pas satisfait. La soif de pouvoir de la relique était insatiable. Il pouvait se contenter de bénéfices modestes sur une courte période, mais exigeait ensuite de son détenteur qu’il s’emploie à des conquêtes autrement ambitieuses. Il ne s’opposerait pas ouvertement à Kessell, car dans leur lutte incessante pour soumettre l’autre à sa volonté, c’était Kessell qui avait le dernier mot. Le petit Éclat de cristal avait en réserve un pouvoir incroyable, mais, sans porteur, il était semblable à une épée dans son fourreau sans main pour l’en tirer. Par conséquent, Crenshinibon accomplissait sa volonté par le biais de la manipulation, glissant des images de conquêtes au cœur des rêves du sorcier, permettant à Kessell de saisir les possibilités qu’offrait le pouvoir. Il agitait devant le nez de l’apprenti autrefois maladroit une carotte à laquelle il ne pouvait pas résister : le respect.

Kessell, qui avait toujours été méprisé par les sorciers prétentieux de Luskan – et par n’importe qui d’autre, à ce qu’il semblait –, était une proie facile. Lui qui avait été le paillasson sur lequel les puissants essuyaient leurs bottes mourait d’envie d’inverser les rôles.

Et maintenant, il avait l’occasion de transformer ses rêves en réalité, comme l’assurait fréquemment Crenshinibon. En portant la relique sur son cœur, il pouvait se transformer en conquérant ; il pouvait faire trembler les populations, même les sorciers de la Tour des Arcanes, à la simple mention de son nom.

Il devait rester patient. Il avait passé plusieurs années à maîtriser les subtilités de la domination mentale d’une, puis de deux tribus de gobelins. Cependant, la tâche de rassembler des dizaines de tribus et de faire plier leur inimitié naturelle devant une cause commune, à son service, était bien plus ambitieuse. Il fallait les conduire jusqu’à lui, une à la fois, et s’assurer qu’il les avait totalement soumises à sa volonté avant de tenter d’en faire venir une autre.

Mais cela fonctionnait, et aujourd’hui il avait réussi à acheminer deux tribus rivales simultanément avec de bons résultats. Quand ils étaient entrés dans Cryshal-Tirith, Torga comme Crock ne pensaient qu’à trouver le moyen de tuer l’autre sans que cela déclenche le courroux du sorcier. Mais quand ils étaient partis, après un court entretien avec Kessell, ils discutaient comme de vieux amis de la gloire des batailles qu’ils mèneraient dans l’armée d’Akar Kessell.

Kessell s’affala de nouveau paresseusement sur ses coussins en considérant sa bonne fortune. Son armée prenait véritablement forme. Il avait des géants du givre pour prendre en charge le haut commandement, des ogres pour garder la tour où il s’installerait, des verbeegs comme force de frappe fatale, et des trolls épouvantables et effrayants comme garde du corps. Et d’après son dernier décompte, il disposait de dix mille guerriers gobelins et assimilés fanatiquement fidèles, prêts à mener à bien sa vague de destructions.

— Akar Kessell ! cria-t-il à la femme du harem qui manucurait ses ongles longs tandis qu’il était assis là à réfléchir (bien que l’esprit de la captive ait été détruit depuis bien longtemps par Crenshinibon). Gloire au Tyran de Valbise !

 

***

 

Loin au sud des steppes gelées, dans les contrées civilisées où les hommes avaient plus de temps pour le loisir et la réflexion, et où chaque action n’était pas forcément déterminée par l’impérieuse nécessité, les sorciers et les aspirants sorciers se faisaient moins rares. Les véritables mages, qui avaient étudié les arts occultes durant toute leur vie, pratiquaient leur activité avec tout le respect dû à la magie, toujours prudent quant aux conséquences des sorts qu’ils jetaient.

À moins d’être consumés par la soif de pouvoir, ce qui était une chose très dangereuse, ils mesuraient leurs expériences avec précaution et causaient rarement des désastres.

Les aspirants mages, par contre, des hommes qui avaient hérité d’un certain degré de prouesse magique, que ce soit en trouvant un parchemin, le livre des sorts d’un maître, ou une relique, provoquaient souvent des catastrophes colossales.

C’est ce qui arriva dans une contrée à mille six cents kilomètres d’Akar Kessell et de Crenshinibon. Un apprenti, qui faisait la fierté de son maître, était entré en possession du diagramme d’un puissant cercle magique, puis il avait cherché – et trouvé – un sort d’évocation. Appâté par la promesse du pouvoir, il réussit à soutirer des notes privées de son maître le véritable nom d’un démon.

La sorcellerie, l’art d’évoquer des entités en provenance d’autres plans d’existence et de les asservir, était ce que préférait le jeune homme. Son maître l’avait autorisé à faire venir des midges ainsi que des mânes au travers d’un portail magique – sous sa stricte supervision –, espérant ainsi démontrer les dangers inhérents à cette pratique et renforcer ses exhortations à la prudence. Mais la démonstration n’avait servi qu’à attiser l’appétit du jeune homme pour cet art. Il avait supplié son maître de l’autoriser à tenter l’évocation d’un vrai démon, mais le sorcier savait qu’il n’était pas encore prêt pour un tel test.

L’apprenti n’était pas du même avis.

Il acheva de graver le cercle ce même jour. Il était si sûr de lui et de ses compétences qu’il ne passa pas un jour de plus (certains sorciers pouvaient en passer dix) à vérifier les runes et les symboles, et qu’il ne prit même pas la peine de tester le cercle avec une entité moindre comme les mânes.

Et maintenant, il était assis à l’intérieur, ses yeux rivés sur les flammes du brasier qui lui servirait de portail vers les Abysses. Avec un sourire confiant, exagérément fier, l’aspirant sorcier invoqua le démon.

Errtu, un démon majeur aux proportions gigantesques entendit son nom faiblement énoncé dans le plan lointain. En temps normal, la bête énorme aurait ignoré un appel aussi faible ; l’auteur de cette évocation n’avait certes pas fait preuve d’une force suffisante pour contraindre le démon à se soumettre.

Pourtant, Errtu était ravi de cet appel fatidique. Quelques années plus tôt, le démon avait ressenti un déferlement du pouvoir dans le plan Matériel, qu’il croyait pouvoir être l’apogée d’une quête qu’il avait entrepris un millénaire auparavant. Le démon avait passé ces dernières années à souffrir fiévreusement, impatient qu’un sorcier lui ouvre un chemin afin qu’il puisse se rendre dans le monde matériel et voir ce qu’il en était.

Le jeune apprenti avait l’impression d’être entraîné dans la danse hypnotique des flammes du brasier. Celles-ci s’étaient regroupées en une flamme unique, semblable à celle d’une bougie mais de dimension plusieurs fois supérieure, et elle oscillait de façon cruellement tentante, d’un côté et de l’autre, d’un côté, de l’autre.

L’apprenti fasciné n’était même pas conscient que le feu gagnait en intensité. Sa flamme s’élevait de plus en plus haut, son scintillement s’accélérait, et elle passa par toutes les couleurs du spectre avant de briller du blanc de la chaleur ultime.

D’un côté et de l’autre ; d’un côté, de l’autre.

Elle oscillait plus vite, à présent, s’agitant avec frénésie pour se préparer à recevoir la puissante entité qui attendait dans l’autre plan. D’un côté et de l’autre ; d’un côté, de l’autre.

L’apprenti était en sueur. Il savait que le pouvoir du sort était en train de dépasser ses limites, que la magie avait pris le dessus et qu’il était incapable de la stopper. D’un côté et de l’autre ; d’un côté, de l’autre.

Maintenant, il voyait l’ombre noire au sein des flammes, les énormes mains griffues et les ailes de cuir, semblables à celles des chauves-souris. Et la taille de cette bête ! Un géant, même selon les standards de son espèce.

— Errtu ! appela le jeune homme, le mot étant arraché de sa bouche par les exigences du sort. Le porteur de ce nom n’était pas clairement identifié dans les notes de son maître, mais il vit que c’était un démon puissant, un monstre qui se classait juste en dessous des seigneurs démons dans la hiérarchie des Abysses.

D’un côté et de l’autre ; d’un côté, de l’autre.

La tête grotesque était à présent visible, pareille à celle d’un singe, avec le museau et la mâchoire d’un chien, les incisives surdimensionnées d’un sanglier, et d’immenses yeux rouge sang plissés qui scrutaient les alentours depuis les flammes du brasier. Sa salive acide grésilla en tombant dans le feu. D’un côté et de l’autre ; d’un côté, de l’autre. Le feu s’intensifia, atteignant son paroxysme, et Errtu traversa. Le démon ne s’arrêta pas un instant pour examiner le jeune humain terrifié qui avait sottement invoqué son nom. Il entama une lente traque, faisant le tour du cercle magique à la recherche d’indices sur l’étendue des pouvoirs de ce sorcier.

L’apprenti réussit enfin à s’apaiser. Il avait invoqué un démon majeur ! Ce fait l’aida à restaurer sa confiance dans ses talents de sorcier.

— Viens devant moi ! ordonna-t-il, conscient qu’une main de fer était nécessaire pour maîtriser une créature des chaotiques plans inférieurs.

Errtu, imperturbable, continua sa quête. L’apprenti se mit en colère.

— Tu vas m’obéir ! hurla-t-il. C’est moi qui t’ai fait venir ici, et je suis le seul à pouvoir mettre un terme à ton supplice ! Tu dois obéir à mes ordres, et après cela, je te renverrai gentiment dans ton plan sordide ! Maintenant, viens devant moi !

L’apprenti était prêt à relever le défi. L’apprenti était fier.

Mais Errtu avait trouvé une erreur dans le tracé d’une rune, un défaut fatal pour un cercle magique qui ne pouvait se permettre d’être presque parfait.

L’apprenti était mort.

 

***

 

Dans le plan Matériel, Errtu perçut plus distinctement la sensation de puissance familière, et il n’eut pas grand mal à déterminer la source de ces émanations. Il prit son essor et s’envola au-dessus des cités humaines. Partout où on l’apercevait il semait la panique, mais il n’interrompit pas son trajet pour savourer le chaos qu’il semait au sol.

Droit comme une flèche, Errtu volait à toute allure par-dessus les lacs et les montagnes, parcourant d’immenses étendues de terres désertes. Il volait vers la chaîne de montagnes septentrionale des Royaumes, l’Épine dorsale du Monde, et vers la relique ancienne qu’il avait passé des siècles à chercher.

 

***

 

Kessell sut que le démon approchait bien avant que ses troupes commencent à s’éparpiller, terrorisées devant l’ombre noire qui fondait sur eux. Crenshinibon en avait informé le sorcier, la relique pensante pouvant anticiper les actions de la puissante créature des plans inférieurs qui la poursuivait depuis des temps immémoriaux.

Mais Kessell n’était pas inquiet. Dans sa tour de pouvoir, il se sentait capable de faire face à un démon vengeur aussi puissant qu’Errtu. Et il avait un avantage indéniable sur le démon : il était le porteur attitré de la relique. Celle-ci s’était accoutumée à lui et, comme tant d’autres artefacts magiques datant de l’aube du monde, Crenshinibon ne pouvait être arraché à son détenteur par l’usage de la force. Errtu désirait brandir un jour la relique et n’oserait donc pas s’opposer à Kessell au risque de s’exposer au courroux de Crenshinibon.

Un flot de salive acide s’échappa de la bouche du démon quand il vit la tour à l’image de la relique.

— Pendant combien d’années t’ai-je cherché ? rugit-il victorieusement.

N’étant pas une créature du plan Matériel, Errtu voyait clairement l’entrée de la tour et se dirigea aussitôt vers elle. Aucun des gobelins de Kessell, ni même des géants, ne s’interposa pour faire obstacle à l’entrée du démon.

Flanqué de ses trolls, le sorcier attendait Errtu dans la pièce principale de Cryshal-Tirith, au rez-de-chaussée de la tour. Il savait bien que les trolls ne lui serviraient pas à grand-chose face à un démon qui maîtrisait le feu, mais il tenait à leur présence pour renforcer la première impression que le démon aurait de lui. Il savait qu’il possédait le pouvoir de s’en débarrasser sans trop de difficultés, mais une autre pensée lui était venue, implantée là encore par l’Éclat de cristal.

Le démon pourrait être très utile.

Errtu freina d’un coup quand il passa la porte d’entrée étroite et arriva sur le sorcier et sa cour. Étant donné la localisation retirée de la tour, le démon s’attendait que le cristal soit brandi par un orque, ou peut-être par un géant. Il avait espéré intimider et duper ce porteur à l’esprit lent pour qu’il lui cède la relique, mais la vue d’un humain en toge, probablement même un mage, venait modifier ses plans.

— Salutations, puissant démon, dit poliment Kessell en s’inclinant profondément. Bienvenue dans mon humble demeure.

Errtu gronda de rage et se rua en avant. La haine et la jalousie dévorante qu’il éprouvait pour l’humain suffisant lui faisaient oublier les risques qu’il courait à vouloir détruire le détenteur attitré de la relique.

Crenshinibon rafraîchit la mémoire du démon.

Une explosion de lumière soudaine palpita dans les murs de la tour, engloutissant Errtu dans un éclat aussi douloureux que celui d’une dizaine de soleils du désert. Le démon s’arrêta et couvrit ses yeux sensibles. La lumière se dissipa assez vite, mais Errtu resta au sol et ne se rapprocha plus du sorcier.

Kessell eut un sourire en coin : la relique l’avait soutenu. Débordant d’assurance, il s’adressa de nouveau au démon, cette fois-ci d’un ton sévère :

— Tu es venu chercher ceci, dit-il, cherchant dans les plis de sa tunique pour dévoiler le cristal. (Les yeux d’Errtu s’étrécirent, se fixant sur l’objet qu’il poursuivait depuis si longtemps.) Tu ne peux pas l’avoir, dit catégoriquement Kessell en le replaçant sous sa toge. Il est à moi, trouvé en toute légitimité, et il ne t’accorderait aucun droit de le revendiquer !

La fierté insensée de Kessell, ce défaut qui l’avait toujours conduit vers d’inévitables tragédies, le poussait à continuer de railler le démon impuissant.

Assez, l’avertit une sensation intérieure, cette voix silencieuse qu’il soupçonnait être l’expression de la volonté de l’Éclat.

— Ce ne sont pas tes affaires, cria Kessell en retour d’une voix forte.

Errtu regarda autour de lui, se demandant à qui s’adressait le sorcier. Les trolls ne lui avaient certainement prêté aucune attention. Par précaution, il lança plusieurs sorts de détection, craignant un assaillant invisible.

Tu railles un ennemi dangereux, persista le cristal. Je t’ai protégé du démon, et pourtant tu t’entêtes à t’aliéner une créature qui pourrait se révéler être un allié de valeur !

Comme c’était généralement le cas quand Crenshinibon communiquait avec le sorcier, Kessell commença à envisager de nouvelles possibilités. Il opta pour un compromis, un accord qui profiterait à la fois au démon et à lui-même.

Errtu évalua sa situation. Il ne pouvait pas massacrer l’humain impertinent, même s’il se serait véritablement délecté d’un tel acte.

Cependant, repartir sans la relique et abandonner la quête qu’il poursuivait depuis des siècles n’était pas une option acceptable.

— J’ai une offre à vous proposer, une affaire qui pourrait peut-être vous intéresser, dit Kessell d’un ton séduisant, évitant le regard assassin que le démon lui lançait. Restez à mes côtés et entrez à mon service en tant que commandant de mes armées ! Avec vous à leur tête et le pouvoir de Crenshinibon et d’Akar Kessell derrière eux, ils ratisseront les terres du nord !

— Te servir ? répondit Errtu dans un rire. Tu n’as pas de prise sur moi, humain.

— Vous comprenez mal la situation, rétorqua Kessell. Ne le voyez pas comme une servitude, mais comme une occasion de participer à une campagne prometteuse en matière de destructions et de conquêtes ! Vous avez droit à mon extrême respect, puissant démon. Je ne me permettrais pas de me désigner comme votre maître.

Crenshinibon, à force d’intrusions dans son inconscient, avait bien entraîné Kessell. L’attitude moins menaçante qu’adopta alors Errtu révélait son intérêt pour la proposition du sorcier.

— Et réfléchissez aux bénéfices que vous pourriez un jour en tirer, continua Kessell. Les humains ne vivent pas bien longtemps selon vos critères éternels. Qui donc brandira l’Éclat de cristal quand Akar Kessell ne sera plus ?

Errtu eut un sourire diabolique et s’inclina devant le sorcier.

— Comment pourrais-je refuser une offre aussi généreuse ? grinça-t-il de son horrible voix démoniaque. Montre-moi, sorcier, les glorieuses conquêtes qui nous attendent.

Kessell dansait presque de joie. Son armée était enfin au complet.

Il avait son général.

L'Éclat de Cristal
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